Dans l’univers saturé des contenus politiques et militants, un phénomène discret mais viral émerge : les Tablettes du mystérieux #AnnonciateurDuBienÀVenir. Entre récit crypté, stratégie cognitive et architecture de réveil, Comnews décrypte la grammaire d’un phénomène qui intrigue… et inquiète.
Depuis quelques semaines, un souffle nouveau trouble la surface calme du discours public camerounais. Ce souffle a un nom de code : Tablettes. Publiées sur WhatsApp, Facebook et Telegram, ces capsules de texte numérotées, courtes mais tranchantes, s’adressent à “ceux qui sentent que quelque chose doit changer, mais ne savent pas encore comment le dire”.
Derrière la signature #AnnonciateurDuBienÀVenir, un style : incisif, poétique, radical sans être partisan. Derrière le style, une stratégie : faire émerger une conscience collective sans jamais prononcer le mot “révolte”.
Derrière la stratégie, un objectif : réveiller sans appeler frontalement à l’insoumission.
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Une liturgie séculière du verbe
Ces “tablettes” ne sont ni des slogans, ni des tracts. Ce sont des textes qui jouent avec la structure du sacré, la syntaxe du secret et la puissance du non-dit. Elles utilisent un vocabulaire à double fond — Oxydation, Rituels, Cartographie, Transmission, Peuple-Mémoire, Dissolution du consentement — pour instiller une lecture parallèle du réel.
« Ce texte agit » n’est pas un gimmick. C’est une consigne. Et c’est là que l’objet devient psyops : chaque mot est conçu comme une intrusion dans la psyché collective.
Ce qui surprend, c’est la méthode de diffusion.
Pas de sponsoring. Pas de chaînes YouTube. Juste des partages discrets. De WhatsApp à WhatsApp. De statut à statut. Et pourtant, certaines tablettes dépassent déjà des centaines de repartages en moins de 24h, selon nos relevés. Un phénomène organique, presque souterrain.

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Un storytelling stratégique
L’auteur — ou les auteurs ? — ne se contentent pas de réagir à l’actualité. Chaque tablette s’inscrit dans une narration plus large. Un programme de 60 jours, annoncé, numéroté, séquencé. Comme un plan d’opération. Comme un rite d’initiation.
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Pourquoi ça fonctionne ?
Parce que ça ne cherche pas à convaincre.
Ça cherche à désaxer. À semer le doute. À faire tomber les masques.
À travers un style qui mêle Mongo Beti, Orwell, Frantz Fanon et un soupçon de psychanalyse politique, les Tablettes explorent un territoire neuf : la parole stratégique non-alignée.
Ce que ça dérange
Forcément, un tel objet attire les regards… et les soupçons. Certains y voient une forme de radicalisation soft. D’autres, une œuvre d’art politique à part entière.
Certains y lisent un projet de conquête du pouvoir.
D’autres, un miroir tendu à un peuple somnambule.
Une chose est sûre : la guerre du récit a trouvé un nouveau champ de bataille.
Et dans ce champ-là, ce ne sont pas les armes qu’on pointe. Ce sont les mots. Les symboles. Et les consciences.
Comnews continuera à suivre le phénomène de près. Parce que comprendre ces Tablettes, c’est peut-être anticiper la prochaine mutation du langage politique en Afrique.